Le mot de la semaine : Schadenfreude

Publié le 30/09/2022

Aujourd’hui le mot de la semaine NewsInvest est deux choses : il est inavouable et il est allemand. Il désigne ce sentiment que l’on ressent mais que l’on n’admet guère à voix haute. Il est simple et élégant dans sa construction. Il n’a pas d’équivalent français, car nous n’avons pas osé faire exister cette réalité au grand jour en la nommant, mais les anglophones l’empruntent bien volontiers.

Vous l’aurez peut-être deviné – ou alors vous avez lu le titre de notre article – il s’agit de la Schadenfreude. Un terme purement allemand formé à partir des deux termes suivants :

  • das Schaden : le dommage, le tort, le préjudice,
  • die Freude : la joie

Et qui dévoile un délice caché, un guilty pleasure que tout un chacun savoure de temps à autre.

Un malin plaisir…

La Schadenfreude, c’est donc littéralement la « joie du dommage », une joie malsaine que l’on éprouve à contempler le malheur d’autrui. Un sentiment que l’on pourrait qualifier de malin plaisir, et que les plus superstitieux d’entre nous diront inspiré par le Malin. C’est le plaisir pris à constater la peine des autres, mais qui n’est pas terni par le regret d’avoir infligé cette peine. Le Schadenfreude c’est le sadisme ordinaire de celui qui se réjouit en son for intérieur mais qui a, au fond, bonne conscience.

Et où observer cette tendance enfouie mieux que sur Internet ? Les compilations de chutes, de gags ratés, les fameux « fails » qui récoltent des millions de vues en faisant rire des millions de gens anonymement derrière leurs écrans, montrent bien qu’en chacun de nous se cache une part sombre qui n’aime rien plus que de s’esclaffer quand mamie tombe d’un escabeau.

Et si on tentait d’être des gens bien ?

NewsInvest est un lieu d’optimisme, et nous ne saurions résumer la nature humaine à cette Schadenfreude, si jolie soit l’expression. Nous sommes certains, par exemple, que notre cher lecteur ne succombe pas à de telles bassesses et que dans sa grandeur d’âme, il est à l’opposé même de ce sentiment. Mais quel est justement l’antonyme de Schadenfreude ?

Est-ce l’envie ? Si l’on ne se réjouit pas du malheur des autres mais que l’on jalouse leur bonheur, ne se trouve-t-on pas aux antipodes du malin plaisir évoqué plus haut ? C’est une possibilité. Mais cela fait toujours de nous des êtres odieux, incapables de vouloir le bien de nos congénères.

Est-ce plutôt la compassion ? Sans doute. Au lieu d’être rasséréné de voir nos semblables souffrir, nous pourrions avoir la décence de les plaindre, ne serait-ce que parce que nous pourrions être à leur place. Qui, en effet, n’a jamais glissé sur une plaque de verglas ou marché droit sur une porte en verre ?

Est-ce, enfin, le sanskrit Muditā ? C’est ce que nous avons décidé de croire cette semaine chez NewsInvest. Alors apprenons de ce concept bouddhiste et cultivons cette réjouissance face au bonheur d’autrui, comme si nous étions contaminés par le bien qui arrive aux autres. Une infection bien plus sympathique que les miasmes covidesques que l’on craint de nos jours.

Laissons-nous donc ici, et partons avec dans nos petites têtes l’image agréable de sourires contagieux. Masques déconseillés ! 😊

Top