Une brève histoire du sous-titrage

Aujourd’hui, nous célébrons la Journée mondiale du patrimoine audiovisuel. La création de cette journée par l’UNESCO s’inscrit dans une démarche de préservation de la mémoire collective que représentent les archives audiovisuelles. Un programme de numérisation de celles-ci a d’ailleurs été lancé, afin de sauvegarder cette diversité culturelle, sociale et linguistique. L’histoire de l’audiovisuel est, en effet, une histoire internationale que l’on ne saurait limiter à notre propre langue, et encore moins à nos frontières. Or, pour faire des diffusions passées ou présentes un patrimoine commun, il faut franchir la barrière de la langue. Dans le cas des vidéos, le doublage est une technique parfois employée mais, pour beaucoup de contenus, le sous-titrage est la solution la plus répandue. NewsInvest vous invite donc à découvrir le sous-titrage et de son histoire.

Au cinéma

Avec l’invention du cinéma arrivent les premières diffusions publiques d’images animées. Il s’agit bien entendu de cinéma muet, dont la bande sonore est souvent fournie en direct par un pianiste ou un orchestre. L’écrit prédate en effet l’apparition du son dans le contenu vidéo. Les bruitages, dialogues, et autres éléments de contexte sont inscrits sur des cartons insérés entre deux plans. Il suffit donc, pour exporter le film, de traduire ces cartons.

En 1927, le premier film sonore et parlant de l’histoire du cinéma sort : ‘Le Chanteur de Jazz’. Dès lors que les dialogues sont prononcés pendant les scènes, on ne peut plus se contenter de changer les cartons. La première solution est simple : tourner différentes versions du film, à savoir une par langue. Il s’agit cependant d’un processus extrêmement long et onéreux, rapidement abandonné. Le doublage fait également son apparition, mais il requiert de trouver des acteurs dans les pays de diffusion et d’enregistrer de nouveaux dialogues. Les dépenses engendrées ne sont pas toujours rentables, selon le nombre d’entrées prévu dans chaque pays. On décide donc souvent de superposer les lignes de dialogue traduites directement en bas de l’écran : c’est la naissance du sous-titrage.

À la télévision

Le sous-titrage à la télévision a une histoire différente et plus récente. En dehors de la diffusion de films ou programmes étrangers déjà sous-titrés, son développement est étroitement lié à la question de l’accessibilité aux personnes sourdes malentendantes. Le but est de proposer une option sous-titrage dans la même langue que les dialogues et voix off. Le sous-titrage SME (sourds et malentendants) inclut également des indications concernant d’autres éléments sonores : bruitages, musiques, etc.

Après des années d’expérimentation, le premier programme télévisuel sous-titré est diffusé aux États-Unis en 1972. En France, il faut attendre le 1er novembre 1983 pour qu’Antenne 2 propose à son tour ce service et montre l’exemple. La plupart des chaînes de télévision disponibles en France sont tenues par deux lois de proposer une option sous-titrage :

  • la loi du 1er août 2000 qui s’applique aux chaînes de télévision hertzienne ;
  • la loi du 11 février 2005 qui stipule que toute chaîne dont la part d’audimat dépasse 2,5% de l’audience totale annuelle de tous les services de télévision doit rendre tous ses programmes accessibles aux sourds et malentendants.

Sur les réseaux sociaux et internet

Une part immense du contenu vidéo produit dans le monde aujourd’hui est diffusée sur les différents réseaux sociaux et plateformes de streaming en ligne. Le public potentiel d’une vidéo sur une chaîne YouTube ou d’un film sur Amazon Prime se situe donc dans le monde entier, avec des centaines de langues possibles. Alors qu’il était sans doute supplanté par le doublage au cinéma et à la télévision, car il contraint le spectateur à lire un texte pendant le visionnage, le sous-titrage connaît donc un retour en force. Une série peut ainsi être doublée dans quelques langues, mais sous-titrée dans beaucoup plus. Le sous-titrage gagne aussi en popularité, car il permet de mieux apprécier le jeu des acteurs en entendant leurs voix dans la version originale.

Mais qui se charge donc du sous-titrage de ces quantités astronomiques de contenu ? Dans le cas des réseaux sociaux, YouTube en particulier, les créateurs font souvent appel à la générosité de leurs abonnés, qui donnent de leur temps pour créer des sous-titres. Le spectateur peut également activer la fonctionnalité de sous-titrage automatique de la plateforme. Vous l’aurez compris, on ne fait pas toujours appel à des professionnels, et le résultat s’en ressent. Vous avez d’ailleurs sûrement eu vent de la polémique survenue il y a quelques années autour de la qualité des sous-titres de Netflix. Le géant du streaming avait en effet lancé une plateforme pour recruter ses traducteurs parmi le grand public. Les tests de sélection étaient pour le moins indigent et surtout concentrés sur la rapidité. Or, la traduction audiovisuelle est un véritable métier dans lequel se spécialisent certains professionnels de la traduction. Il faut non seulement transmettre le sens, mais aussi le ton, les sous-entendus, les références culturelles qui manquent parfois au public cible, etc. Le tout dans l’espace limité disponible à l’écran. Des exigences que le tout-venant ne peut souvent pas remplir, en témoignent les résultats parfois douteux.

Les étapes du sous-titrage :

Si vous voulez faire sous-titrer une vidéo, quelle est la marche à suivre ?

  • transcription : un locuteur natif couche par écrit le script de la vidéo dans sa langue originale.
  • repérage : un technicien découpe le dialogue en sous-titres à partir de la transcription. Il crée un fichier (souvent au format SRT) comportant des timecodes, qui indiquent le début et la fin de chaque sous-titre.
  • traduction : des traducteurs audiovisuels travaillent à la rédaction de sous-titres dans leur langue maternelle en adaptant le contenu au contexte culturel cible.
  • simulation : on visionne les sous-titres tels qu’ils apparaîtraient sur le film terminé, afin de repérer d’éventuelles modifications à apporter.
  • gravure, incrustation ou packaging : un technicien intègre les sous-titres à la vidéo selon la méthode adaptée au support.

Voici donc terminée cette brève présentation du sous-titrage et de son histoire, qui nous permet aujourd’hui encore d’apprécier des œuvres proches et lointaines grâce à des techniciens et traducteurs qui travaillent de concert pour créer une compréhension et une entente au-delà des frontières et du handicap. Une pensée pour ce travail de fourmi, dont nous récoltons les fruits tous les jours.

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Bonne journée et à bientôt sur NewsInvest pour de nouvelles aventures linguistiques ! 👋

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