Le mot de la semaine : Brobdingnagian

Bannière du mot de la semaine : mains sur une machine à écrire

Big, very big, very very big… Comment exprimer la grandeur en anglais ? Cette semaine, NewsInvest vous propose un voyage en pays d’immensité qui vous mènera jusqu’à notre choix de la semaine, un mot imprononçable et délicieux tout à la fois : Brobdingnagian. Chaussez donc vos lunettes et vos bottes de sept lieues, et suivez-nous !

En route !

« Big » : un grand classique, ce mot dérivé du vieux norrois, une langue scandinave médiévale, signifiait à l’origine fort ou puissant. Dans son acception actuelle, c’est la manière la plus simple de dire grand ou gros…

…ce qui nous amène à « tall », un mot tout vertical qui ne parle pas de tour de taille. Un bâtiment, une montagne, une personne, « tall » ne nous parle que de leur point culminant, et non de leur largeur, encore moins de leur véritable grandeur…

…car c’est « great » qui nous informe là-dessus. En plus de nous parler de hauteur, de volume ou de surface, ce mot insuffle un supplément d’âme dans l’idée de la taille. « great », c’est grand dans le sens de mémorable, d’important, d’historique, une grandeur métaphorique, donc, qui ne nécessite pas de mesurer plus que la moyenne…

…c’est en effet plutôt le sens de termes comme « enormous » ou « huge ». Ils nous indiquent quelque chose de disproportionné, qui arrête par sa taille ou son intensité, mais sans forcément de connotation positive…

…alors que « formidable » contient en lui une forme d’admiration, de crainte même. En anglais, ce mot ne reprend qu’un seul des sens du mot français : il qualifie une entité ou un phénomène dont l’ampleur défie l’entendement, et force le respect. On imagine sans mal les vents d’une tempête ou la force d’un titan…

…des images qui nous rapprochent de « tremendous », un mot parfait, et dont NewsInvest refuse de laisser le monopole à un certain ancien président américain qui a abusé de son usage. Lointain descendant du latin « tremere », signifiant « trembler », il décrit l’effet produit sur le spectateur, qui ne peut que frémir, et se retrouve sans voix…

…et les mots lui manquant, il en créera sans doute. Et ils ressembleront peut-être à deux inventions, « ginormous » et « humongous ». Ces derniers sont formés par composition à partir des termes « gigantic » et « enormous », d’une part, et « huge » et « montrous », d’autre part. Nous voilà donc partis rejoindre les montres…

…avant que « gigantic » ne nous emporte enfin au pays des géants, des êtres bien différents selon les folklores, pas toujours bienveillants, dont la taille ne fait pas la grandeur. Il revient souvent à un héros, plus fluet, mais plus malin, de le défaire, comme David vainquit Goliath…

…mais « colossal » nous parle de géants que seuls le temps et les tremblements de terre ont pu effondrer. Le plus célèbre des colosses est certainement celui de Rhodes, statue monumentale et une des Sept Merveilles du monde Antique. Brisé par un tremblement de terre au troisième siècle avant notre ère, il est resté au sol plus de 800 ans. De ce dieu de pierre, il ne reste aujourd’hui aucune trace que dans les récits…

…or comment parler de créatures de légende sans évoquer les géants les plus truculents de tous, ceux de Rabelais ? L’adjectif « gargantuan », évoque son personnage le plus célèbre, un être au-delà même de la démesure, dont les exploits on fait rire et grincer des dents jusque chez nos amis d’Outre-Manche…

…qui ne sont toutefois pas en reste, puisque c’est à un de leurs romanciers les plus célèbres que l’on doit notre mot de la semaine, auquel nous arrivons enfin : « Brobdingnagian ». « Pourquoi la majuscule pour un adjectif ? », diront les plus observateurs de nos lecteurs. C’est tout simplement parce que cet adjectif est dérivé d’un nom propre désignant un lieu. Sorti de l’imagination de Jonathan Swift, Brobdingnag est en effet un royaume fictif où échoue le navire de Gulliver, son personnage le plus connu. Il s’agit d’une presqu’île du Pacifique Nord bordée de falaise et peuplée de géants de dix-huit mètres de haut.

Gulliver is discovered by a farmer in Brobdingnag

« Gulliver est découvert par un fermier à Brobdingnag », illustration (gravure), École anglaise, (XVIIIe siècle), collection privée

Imaginez un instant l’effet produit par une telle rencontre. La prochaine fois que vous vous sentirez tout petit et que vous tremblerez face à un phénomène qui vous dépasse, vous pourrez vous joindre à nous et vous exclamer : “It’s Brobdingnagian! ” 😱

Nous voilà arrivés !

Voici donc venue la fin de notre périple gigantesque, qui a malheureusement pris quelques raccourcis – massive, towering, mammoth, monumental… mais qui, nous l’espérons, vous aura instruit et diverti. Nous vous retrouvons très bientôt pour de nouvelles aventures ! En attendant, vous pouvez consulter nos autres mots de la semaine sur la page de NewsInvest.

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