Le mot de la semaine : brainstorming

Bannière du mot de la semaine : mains sur une machine à écrire

Publié le 21/09/2022

Avant de publier le premier article de NewsInvest, nous avons longuement réfléchi à son objet. Les écrivains parmi vous, en herbe ou professionnels, ne s’étonneront guère que nous nous soyons d’abord individuellement heurtés à un mur invisible : l’absence absolue d’idées intéressantes. Alors, convaincus qu’il y a sans doute plus de choses dans deux (ou trois, voire quatre) têtes que dans une, nous avons décidé d’organiser un échange intellectuel informel propre à déclencher la production d’idées originales. Autrement dit, « on s’est fait un petit brainstorming ».

Personne n’osera douter de notre bonne foi si nous déclarons ici qu’à peine l’idée lancée, nous fûmes assaillis d’idées plus brillantes les unes que les autres. Il va sans dire que nous les avons soigneusement cataloguées et que nous vous en régalerons régulièrement au cours des semaines et mois à venir. Mais, revenant à la source de ce génie collectif que nous ne voulons surtout pas voir se tarir, nous avons décidé de consacrer le premier article de WordsInvest à cette technique qui garantira à coup sûr la qualité exceptionnelle de chacune de nos publications à venir.

Quelle est donc l’origine du mot « brainstorming » ?

Remontons d’abord au milieu du XIXe siècle, où le terme « brainstorm », attesté dans le langage courant en 1861, désigne une crise aiguë de délire qui voit la raison soudainement renversée sous l’effet d’une forte émotion, généralement accompagnée de manifestations violentes. L’usage de ce mot, formé à partir d’une interprétation imagée du mot « storm » (tempête) change ensuite pour faire référence dans les années 1930 à l’apparition d’une idée géniale ou une activité intellectuelle ponctuelle et très intense, un phénomène bien plus positif.

Mais c’est bien à partir de 1940 que le mot « brainstorming » apparaît dans son sens actuel. Le publicitaire américain Alex Osborn met au point pour BBDO, son agence, une technique d’idéation de groupe, qui vise à stimuler la créativité de ses employés qui, seuls, peinent à produire des idées véritablement originales. Il formalisera plus tard sa méthode de Creative Problem Solving et en approfondira les préceptes dans plusieurs ouvrages. Les séances qu’il propose ont pour but de prendre d’assaut (to storm, en anglais) un problème à l’aide de la puissance combinée des cerveaux à disposition.

Est-ce qu’on est VRAIMENT obligés de le dire en anglais ?

Les nostalgiques de la dictée d’antan, les amoureux de Molière, les insurgés du gloubi-boulga corporate, les allergiques aux anglicismes, tous nous adressent déjà (télépathiquement) cette même question. La réponse est, bien entendu, que chacun est libre de s’exprimer dans sa langue et que nous ne saurions qu’encourager les traits d’esprits créatifs. Ainsi, de nombreuses solutions ont été proposées en français : des poètes ont voulu plagier Hugo avec « tempête sous un crâne », d’autres ont proposé « cervorage » ou « giboulée d’idées ». Ces termes colorés oublient, hélas, qu’ici « storm » ne fait pas référence à un phénomène météorologique. La proposition plus terne de « suractivation du cerveau » est à peine plus adaptée. Alors, pour ceux qui exigeraient une décision officielle, la Délégation générale à la langue française et aux langues de France recommande l’usage de « remue-méninges » (terme publié au Journal officiel de la République française il y a bientôt 22 ans), qui est également le terme préconisé par l’Office québécois de la langue française.

Qu’en pensent les Allemands ?

Pour ne pas être uniquement francocentré, on pourra également évoquer les propositions de nos amis allemands. Si « Denkrunde » (ronde de réflexion) et « Ideensammlung » (collecte ou rassemblement d’idées) peuvent sembler peu inspirées, c’est bien à nos voisins d’outre-Rhin que revient le prix de l’invention la plus originale du jour : Kopfsalat ! Traduit littéralement par « laitue », ce mot a en effet la particularité d’être formé de « Kopf », qui signifie « tête », et de « Salat » qui, vous l’aurez deviné, signifie « salade ». Salade composée de laitue et tranches de cerveau mélangées et – pourquoi pas – assaisonnées, le brainstorming à l’allemande est peut-être là pour nous rappeler qu’un esprit sain ne saurait se passer d’un corps sain et, par extension, de légumes verts. Alors à vos fourchettes ! 😋

Et à vos idées ! 🧠

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